Après les trames bleues et vertes, l’association s’est lancée, il y a quatre ans, dans l’élaboration d’une trame brune, visant à assurer la continuité écologique des sols, si précieuse à la survie des écosystèmes. Les résultats devraient nourrir les futurs projets urbanistiques d’envergure des quatre communes volontaires.
Supports d’activité humaine, ressources ornementales, habitats pour la biodiversité, régulateurs d’aléas naturels, tels que les polluants : les sols remplissent des fonctions diverses et variées, vitales pour l’homme, la flore et la faune. Des fonctions insuffisamment prises en compte dans les politiques d’urbanisme, qui trop souvent ignorent la nécessaire continuité écologique des sols, garante du bon fonctionnement des écosystèmes.
C’est pour pallier ce déficit que Flore 54, fédération d’une soixantaine d’associations investies dans l’amélioration et la défense de la qualité de vie et de l’environnement, s’est lancée, il y a quatre ans, dans l’élaboration d’une trame brune, autrement appelée TrameBioSol. Comme la trame bleue, et comme la trame verte, la trame brune est censée protéger et entretenir des ensembles naturels (en l’occurrence les sols) en les prémunissant contre les risques de fragmentations, nuisibles à la préservation de la biodiversité.
Un projet qui a d’emblée séduit les services de la Région Grand Est, financeurs à 80 %, et qui s’est soldé aussi par l’obtention, il y a deux ans, du Prix Régional Sainte-Croix Biodiversité. Le champ d’expérimentation de Flore 54, qui s’est associée à la start-up Sol &co, spécialisée dans des missions de conseil, de formation et d’animation participative et scientifique à visée pédagogique, s’est transporté sur le territoire du Grand Nancy.
« Quatre communes se sont portées volontaires pour participer à cette étude », explique Raynald Rigolot, président de Flore 54. « Une quinzaine de sites différents (4 à Laxou, 4 à Villers, 3 à Vandœuvre et 4 à Ludres) ont accueilli pelleteuses et autres engins de chantier, lesquels ont creusé des trous de plus de 2 mètres de profondeur, à des fins de prélèvements, d’analyses, d’inventaires botanique et microfaunistique ».
« Cette opération a nécessité le recours à un laboratoire spécialisé basé en Normandie. Associations locales et bénévoles nous ont également prêté main-forte, au travers d’une démarche participative , qui nous a valu d’être distingués au niveau national », poursuit Raynald Rigolot. Les résultats des prélèvements ont été communiqués aux collectivités participantes, qui ont désormais en main une grille d’analyses précise, et un certain nombre de recommandations, visant à les accompagner dans l’élaboration de projets urbanistiques d’envergure.
Une démarche couronnée de succès qui pourrait donner lieu, dans les prochains mois, sur le territoire du Grand Nancy toujours, à une seconde campagne.
De la conception du projet jusqu’à la communication des études, quatre années ont été nécessaires. Un projet de longue haleine que Flore 54 a voulu mettre à la portée de tout un chacun. Sur les quinze chantiers réalisés, quatre sont restés à ciel ouvert. Agrémentés de panneaux pédagogiques, ils ont pour mission d’expliquer la pertinence de la TrameBioSol et de révéler au grand public les richesses des sous-sols expertisés.
Les conclusions des études ont également permis d’enrichir et de compléter un atlas de la biodiversité qui répertorie la faune et la flore de la région. Enfin, un livret pédagogique des sols, tiré à 6 000 exemplaires, sera largement diffusé. « Le projet mené sur le territoire du Grand Nancy est tout à fait exportable. C’est le but de cette communication », conclut Raynald Rigolot, président de Flore 54.